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Le mouvement des « makers » professionnels est-il en train de révolutionner la fabrication ?

Une nouvelle tribu apparaît, qui pourrait bouleverser les vieilles habitudes en domptant le chaos.

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Le chaos est une force puissante, qui n'est pas toujours appréciée à sa juste valeur. Le chaos est généralement une chose à éviter mais dans les circonstances adéquates, il produit des résultats. Prenez par exemple les autoroutes à péage. Dans la plupart des cas, il y a plus de postes de péage que de voies, ce qui facilite le trafic et diminue les embouteillages alors que le nombre de voitures se trouvant à la même hauteur est supérieur au nombre de voies. Mais cela n'entraîne pas de collisions en chaîne : les conducteurs parviennent à s'adapter à ce chaos et à poursuivre leur trajet sans incident. Il serait peu commode de cartographier ce type de contrôle du trafic au moyen de méthodes classiques, car il repose plutôt sur les connaissances des conducteurs, leur compréhension du déplacement des véhicules et leur appréciation de leurs propres actions. Le chaos dompté.

Le mouvement des makers peut être considéré par certains comme chaotique car il montre peu de respect pour « la bonne façon » de faire les choses et préfère inventer de nouvelles façons de faire. Les makers ne présentent pas de profil commun ; ils ont des parcours et des compétences extrêmement variés. La seule chose qui les rassemble est le souhait de créer quelque chose qui n'existait pas ou bien seulement leur propre version de quelque chose qui existe déjà. Ce qui les différencie peut-être est qu'aux yeux d'un ingénieur classique, cette chose, quelle qu'elle soit, a besoin d'être améliorée ; le maker peut se satisfaire de simplement rendre une chose différente.

Les makers technologiques sont des personnes qui utilisent des ordinateurs monocartes (SBC), des modules et d'autres produits électromécaniques pour mener à bien des projets. Ils sont les derniers-nés d'une longue lignée d'adeptes du « do it yourself ». Ils peuvent être dépeints comme une tribu d'artisans, comme peuvent l'être les personnes qui font leur pain. Toute personne qui crée quelque chose à partir d'un éventail de matériaux de base peut légitimement se faire appeler maker, comme le montre à l'évidence la très large palette de compétences présentée au récent salon Maker Faire de Newcastle, au Royaume Uni.

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Photo: Life Science Centre  

Lorsque tout ce que contient votre boîte à outils est un marteau, chaque problème ressemble à un clou, mais lorsque vous possédez un SBC, vous disposez d'un nombre d'outils presque infini : c'est ce qui plaît tant aux makers. Lorsque vous faites du pain à la maison, il n'existe qu'un certain nombre de manières de combiner les ingrédients, mais si vous êtes un maker technologique votre seule limite est votre imagination ou dans le cas du mouvement des makers, l'imagination de tous ceux qui sont disposés à partager leurs idées.

À un certain point critique, un maker peut devenir plus que cela ; c'est-à-dire qu'il est peut-être temps pour lui de commencer à rentrer dans le moule. Cela peut impliquer de réfléchir à ses attentes concernant ce qui est acceptable ou non, et la zone entre ces deux extrêmes est une zone grise. Le terme maker professionnel n'est pas établi et certainement pas aussi courant que celui de consommateur éclairé. Ce dernier désigne les personnes qui consomment des produits de qualité professionnelle pour des raisons non professionnelles (comme par exemple les photographes amateurs passionnés). Un maker professionnel peut être une personne qui procède à l'inverse : utiliser des produits de makers (comme les SBC) pour les appliquer à un objectif « professionnel ». L'utilisation de composants prêts à l'emploi destinés au grand public dans des applications qui dépassent les applications grand public classiques a été constatée de nombreuses fois ; la même chose est peut-être en train de se produire dans le secteur des makers technologiques.

L'amélioration de l'accès à des plateformes qui combinent hautes performances, faibles coûts et fonctionnalités préconfigurées favorise les makers. Un maker peut prendre un appareil prêt à l'emploi et lui donner une fonction spécifique en très peu de temps. Dans un environnement d'ingénierie, le maker professionnel n'est pas soumis au cycle de conception habituel ni au processus de passage en revue par les pairs. Le résultat est alors un « outil » à but unique et lorsque ce but a disparu, l'outil peut être reconfiguré rapidement et facilement. Il peut s'agir par exemple d'une pièce d'un équipement d'essai conçu pour tester la résistance d'un verrou électromécanique ou d'un dispositif de surveillance des bruits de pas dans une zone particulière d'une usine. L'abondance des capteurs, qui peuvent facilement étendre la fonctionnalité d'un SBC standard, souvent accompagnée d'exemples de codes, signifie que des systèmes complexes peuvent être construits avec très peu d'efforts de conception. Même si sa durée de vie est limitée à quelques heures, la valeur d'un tel système peut être immense. Cette approche se développe dans les secteurs classiques de l'ingénierie.

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Le processus consistant à prendre une chose, généralement à bas coût, et à lui ajouter de la valeur soutient des économies entières mais cette dynamique ne s'applique pas nécessairement au mouvement des makers. Les économies traditionnelles proclament que le marché disponible pour un produit final doit être suffisamment important pour justifier la dépense et que tant que la marge est supérieure au coût, il convient de poursuivre la fabrication ; c'est ce que l'on appelle la loi des rendements décroissants. Ce modèle ne se décompose pas facilement en valeur pour un utilisateur final ; il donne plutôt une valeur approximative de la valeur totale sur le marché disponible. Si vous êtes un maker, alors le marché final est effectivement unique. Il est donc probable que le coût n'a aucune pertinence, en particulier si la valeur est très élevée. Cette dynamique est attractive dans un environnement de fabrication dans lequel la valeur de la solution à un problème peut être amortie sur tout le volume de produits reposant sur cette solution.

Lorsqu'une ligne de production présente un défaut, une équipe de maintenance peut être capable de le corriger. Si ce n'est pas le cas, le fabricant pourra être mis à contribution. En cas de défaillances récurrentes, l'ingénieur sur place peut concevoir une solution; aujourd'hui il peut même être apte à mettre en œuvre une solution, au moyen d'outils plus communément associés aux makers technologiques.

La qualité des outils est primordiale pour ce changement de perception chez les ingénieurs : les SBC et les modules, les capteurs et les actionneurs, ainsi que les environnements de conception. Leur qualité peut être impossible à distinguer de celle d'autres produits conçus exclusivement pour le marché industriel et si un appareil de qualité supérieure est nécessaire, il sera presque certainement plutôt simple à intégrer au système. C'est là que se trouve la vraie zone grise entre maker et ingénieur et c'est là que le maker professionnel peut prospérer.

Les ingénieurs ont soif de connaissances et l'esprit tourné vers la résolution des problèmes : lorsque les deux sont présents, ils excellent. Les makers ont soif de solutions et veulent être créatifs, ce qui produit les mêmes résultats lorsque les deux sont combinés. Ceci influence la façon dont les fabricants voient les makers mais, plus important peut-être, la façon dont les ingénieurs envisagent aujourd'hui l'ingénierie.

DesignSpark Community Manager and all-around geek girl.